4 ans. Il était partit pendant 4 longues années. Depuis son départ Yûna s’était efforcée de penser à lui le moins possible. Lui, la cause de ses angoisses, de sa phobie. Un secret qu’elle gardait enfuit profondément et dont peu de personne avait connaissance. Les quatre années écoulées lui avait permis d’aller de l’avant et de ne plus rentrer chez elle avec la peur au ventre. Mais aujourd’hui, il était bel et bien de retour. Haruo était rentré, son frère ainé…

Evidement que ce retour n’enchantait pas la jeune fille. Mais elle pouvait toujours faire comme si rien ne changeait. Après tout, elle avait à peine croisé son frère depuis qu’il était revenu. A croire que lui aussi cherchait à l’éviter… Et dans un certain sens ça l’arrangeait bien. Elle n’avait pas envie que la vie reprenne son cours comme elle l’était avant qu’il n’aille poursuivre ses études aux Etats-Unis. Même si aujourd’hui elle n’était plus une enfant et qu’elle ne se laisserait plus faire, elle préféré éviter au maximum de se retrouver seule avec lui. En dehors d’elle et de Haruo, personne ne savaient quelle était la cause de la claustrophobie de la jeune fille. Pour la simple et bonne raison qu’aucun d’eux n’aimait parler de ces évènements. Et si les domestiques avaient bien remarqué le froid existant entre eux deux, leurs parents en revanche semblaient tout ignorer. Et bien loin de se préoccuper de ce genre de problème, ils étaient plutôt en train d’organiser la soirée qui aurait lieu le jour même dans leur hôtel, soirée justement prévue en l’honneur de l’ainé de la famille.

Si elle l’avait pu, Yûna aurai préféré ne pas assister à cette soirée. Non pas parce que son frère serait de la partie mais simplement parce que ce genre de soirée, ça n’était pas du tout son truc. Toute la haute société s’était donné rendez-vous chez elle. Bien sûr, elle était habituée depuis son enfance à ce genre d’évènement. On ne naît pas dans une famille riche en espérant éviter ce genre de chose. Une longue soirée ennuyeuse durant laquelle elle serait obligée de sourire bêtement aux invités de ses parents. En réalité, bien peu se soucierait vraiment d’elle et servir de plante verte n’était pas l’activité que la blondinette préférait. Mais son père avait été formel, toute la famille devait être présente. Comme si ça allait changer quelque chose qu’elle soit là ou non…

Allongée sur son lit, Yûna ruminait toutes ses pensées. La journée était déjà bien avancée et elle se doutait bien de l’agitation qui devait animer le rez-de-chaussée du grand hôtel. Sa chambre étant située au dernier étage, comme le reste des pièces habitées par sa famille, elle avait échappé à tout ce remue-ménage. Elle finit par se redresser lorsque l’on frappa à la porte de sa chambre.

- Entrez !

- Mademoiselle, il est déjà tard, vous devriez vous préparer.

- Oui, merci.


Elle sourit à sa domestique alors qu’elle se retirait, la laissant seule à nouveau. Une fois la porte complètement refermée, elle poussa un profond soupire et se dirigea vers la salle de bain. Elle se doucha rapidement avant de retourner à sa chambre pour revêtir sa robe. Il s’agissait d’une robe noir tout ce qu’il y a de plus simple, lui arrivant un peu au-dessus du genou. Une fois habillée, elle retourna vers la salle de bain pour se maquiller et se coiffer. Pas la peine d’en faire des tonnes, Yûna n’était pas une fille superficielle et elle préférait de loin le naturelle. Elle se contenta donc d’un maquillage léger. Pour ces cheveux après avoir essayé plusieurs coiffures elle décida finalement de les laisser libre.

Elle se regarda dans le miroir une dernière fois avant de sortir. Le résultat était plutôt pas mal. Elle sourit à son reflet et quitta la pièce. En chemin, elle croisa plusieurs membres du personnel de l’hôtel qui la saluèrent poliment avant de retourner à leur travail. Il ne lui fallut que quelques minutes avant d’arriver à la grande salle de réception dans laquelle se trouvait déjà ses parents, son frère et quelqu’un de ses amis qu’il avait invité pour la soirée.

- Te voilà Yûna. Nous n’attendions plus que toi. Les invités ne devraient plus tarder à arriver…

Et en effet, son père avait peine terminer sa phrase que les premiers invités faisaient leur apparition. La soirée s’annonçait longue.

*Allez c’est partit…*

Yûna se forçait à sourire à tous ceux qui venaient la saluer, un sourire certes faux, mais personne ne semblait le remarquer. Et de toute façon, elle savait pertinemment qu’elle n’était pas la seule à agir de la sorte. Elle avait l’impression qu’elle était là depuis des heures. La salle s’était remplie petit à petit et l’attention était principalement dirigée vers Haruo. L’héritier des Mizushiro était rentré au Japon, c’était une grande nouvelle et il semblait que tout ce petit monde voulait le féliciter pour avoir terminé ses études avec brio. De son côté Yûna s’ennuyait, comme s’était souvent le cas dans ce genre de soirée. Elle finit par en avoir marre de rester plantée là à regarder et se décida à aller se chercher à boire. Au moins ça lui ferait passer le temps.

Elle slalomait entre les gens, évitant au maximum de croiser un regard. Parce qu’elle savait que si elle le faisait, elle n’échappera pas à une conversation et elle n’avait pas vraiment envie de parler avec des gens qu’elle connaissait à peine et qui était soi-disant des amis de ses parents. Seulement ce qu’elle n’avait pas prévu c’est qu’elle bousculerait quelqu’un. Elle se retourna rapidement.

- Je suis désolée, je ne… Halu ?

Elle connaissait en effet le jeune homme qu’elle venait de bousculer. Kimura Halu. Ils se connaissaient depuis longtemps. A vrai dire, il était probablement la personne qu’elle connaissait depuis le plus longtemps, en dehors des membres de sa famille bien entendu. Les Kimura étaient des amis proches des Mizushiro et donc leur famille respectives de rencontraient assez régulièrement. Mais en plus de ça, Halu et Yûna fréquentaient les mêmes écoles depuis leur plus jeune âge. Et étant tous deux de bons élèves ils s’étaient toujours retrouvés dans la même classe. Aujourd’hui encore, ils fréquentaient le même lycée dans la même classe. En fait, à bien y réfléchir, elle n’aurait même pas dû s’étonner de le voir présent à cette soirée.

- Je vois que toi non plus tu n’as pas échappé à cette soirée.