Tu fais quoi ? Une analyse comportementale ? Ou bien tu t’es dit : « celle-là, elle est en 3A, c’est une intello coincée, je vais pouvoir la faire chier. » ? Si c’est le cas, tu risques d’être déçu. Essaies un peu pour voir, je suis qu’on va bien rire ! Et oui, je vais casser tes préjugés sur ceux qui s’en sortent bien en cours. Contrairement à ce que tu pourrais penser, je ne suis pas du genre à passer mes journées à moisir devant mes bouquins dans un coin miteux de la bibliothèque. Loin de là. J’ai autre chose à faire de ma vie que de perdre mon temps. Et comment j’explique mes bonne s notes ? Tu risques de râler si je te le dis, mais j’ai juste pas besoin d’étudier des heures pour retenir quelque chose, le simple fait d’écouter en cours me suffit… Ce n’est tout de même pas de ma faute si j’ai une bonne mémoire.

Enfin soit ! On n’est pas là pour parler de ma méthode d’étude. Même si après tout, ça fait quand même partie de moi, ce n’est tout de même pas le plus intéressant. Donc, saches déjà une chose, je suis très indépendante et celui ou celle qui pourra me diriger n’est pas encore né. Je ne supporte juste pas les gens qui essaient de faire leur propre loi et qui impose aux autres ce qu’ils doivent faire. Si certains s’en accommodent, tant mieux pour eux, mais moi, qu’on me laisse vivre ma vie et faire mes propre choix par moi-même. D’ailleurs, n’essaies même pas de me donner un ordre, tu risques de le regretter. Parce que j’ai aussi une grande gueule et je ne dis pas toujours les choses avec tact. Certains apprécieront ma franchise, d’autres au contraire auront juste envie de me flinguer pour avoir osé leur dire ce que je pensais. Bon… j’avoue que si tu fais partie de mes amis, je peux faire un effort et essayer de dire les choses moins directement, mais bien souvent, c’est plus fort que moi. Et contrairement à ce qu’on a pu te dire, je ne suis pas odieuse, juste franche et honnête. Je ne vais pas mentir et dire aux gens ce qu’ils veulent entendre juste pour me faire bien voir.

Niveau relationnel, je ne sais pas trop ce que t’attends comme explication, bien sûr que j’ai des amis comme tout le monde. Par contre, ne t’attends pas à me voir n’importe quoi pour eux. Faut pas rêver non plus, chacun sa merde comme on dit. Je veux bien être là pour les écouter et les conseiller en cas de problème, je ne suis pas sans cœur non plus, mais ne me demande pas de me mettre moi-même dans les ennuis pour aider quelqu’un. Et crois-moi, je n’attends pas non plus que quelqu’un soit prêt à le faire pour moi. Quant à l’amour… tu me touches, t’es mort ! Les mecs, dès que je peux leur en faire baver, je ne m’en prive pas. Depuis que j’ai retrouvé mon ex au lit avec une autre, les grandes histoires d’amour, j’y crois plus. Mais ce n’est pas pour autant que je passe mon temps à baiser avec tout ce qui passe, je ne suis pas une trainée non plus.

Tu t’ennuies tellement dans ta vie que t’as besoin de connaître la mienne ? T’as qu’à lire le journal comme tout le monde et t’en saura déjà bien assez. Le divorce de mes parents à fait la Une pendant plusieurs semaines, même si ça fait quelques années, tu ne peux pas être passé à côté de ça. Mais bon, t’as l’air de sortir de ta campagne profonde, alors je vais tout te ré-expliquer depuis le début, t’auras l’air moins perdu comme ça.

Si je te dis Yamada Ryutaro, ça te dis quelque chose ? Non ? Ah mais vraiment, je me demande ce que t’as fait ces dernières années. C’est un des mannequins les plus connus d’Asie. Et c’est aussi mon père. Ma mère, une simple journaliste. Au début, ils n’avaient qu’une relation professionnelle. Mais ça a vite évolué entre eux. Ils se plaisaient, ils étaient jeunes, ils n’ont pas vu les problèmes arriver. Et en l’occurrence, le problème, c’était moi. Pour mon père, faire un gosse sans être marié, c’était pas très bon pour son image. Et ma mère… ces parents l’auraient tuée s’ils l’avaient su. Alors ils se sont mariés. Après tout, ils s’aimaient. Ça parait simple quand je le raconte comme ça, mais c’est à ce moment-là que ça se complique. Attendre la venue d’un bébé et travailler ? Hors de question, la santé de l’enfant était primordiale. Ils étaient tous les deux d’accord là-dessus. Et puis, mon père gagnait bien assez pour les faire vivre tous les deux pendant la grossesse. Sauf que rester des journées entières à ne rien faire, ce n’était pas une vie faite pour ma mère. Et elle a commencé à avoir des regrets. Elle qui s’était toujours considérée comme une femme libre et indépendante, elle était à présent totalement dépendante de son mari. Tout ça pour un bébé qu’elle n’avait même pas voulu. Je n’étais même encore née qu’elle commençait déjà à me haïr. Je lui pourrissais la vie.

Lorsque je suis née, au lieu d’avoir droit à du bonheur, c’était plutôt du soulagement. Un peu comme quand on se dit : « enfin fini ». Ma mère a tenu à très vite reprendre le travail, et voilà comment je me retrouvais confiée à une nounou chinoise ne parlant pas un mot de japonais. C’est mon père qui l’avait engagée. C’est donc par son intermédiaire que j’ai appris le mandarin. Les années sont passées, sans qu’on ne les voie vraiment défiler. La carrière de ma mère a décollé et elle était de plus en souvent en déplacement professionnel. La plupart du temps aux Etats-Unis, je passais donc mon temps entre le Japon et les Etats-Unis, d’où ma maitrise de l’anglais. Mon père quant à lui faisait ce qu’il pouvait pour m’accorder un maximum de temps, j’étais sa princesse comme il disait. Et il s’arrangeait pour me voir dès qu’il en avait l’occasion.

Arrivée en âge d’entrer au collège, j’ai dût faire un choix, c’était soit me scolariser aux Etats-Unis, soit au Japon. Si je suis là aujourd’hui, c’est bien évidement parce que j’ai choisi le Japon. Pour des raisons qui me paraissent évidentes. Je voulais rester auprès de mon père. Ma mère ne m’accordait de l’importance que par obligation et non par choix. Et si mes parents étaient toujours mariés, ils avaient tout l’air d’un couple déjà séparé. Et ça n’a pas raté. Lorsque des photos de ma mère en compagnie d’un autre homme ont fait scandale, mes parents m’ont annoncé leur divorce. Et évidement avec leur renommée à tous les deux, ils ont pu laver leur linge sale en publique à coup d’attaque dans les journaux. J’avoue que moi, je suis un peu tombée de haut. A l’époque, je pensais encore que mes parents, même s’ils ne se voyaient pas souvent s’aimaient et que la distance n’y changeait rien. Ce n’est que plus tard que mon père m’avoua que leur mariage n’avait jamais réellement marché. Heureusement pour moi, la question de ma garde se régla rapidement, je vivrai avec mon père. Ma mère ne désirait plus m’avoir dans les pattes. Message reçu, je ne m’inviterai plus dans sa nouvelle vie. De toute façon, je suis persuadée d’être plus heureuse sans elle. Je vis donc seule avec mon père, même si la plupart du temps il est absent.