Si cela vous intéresse, je peux vous toucher quelques mots sur la personnalité de mademoiselle Ayumi. Je pense que l’on peut dire qu’elle a une personnalité complexe, et ce du aux diverses épreuves traversées par l’être humain de l’enfance à l’adolescence.
A sa naissance, l’enfant avait une santé fragile et un corps fluet, ses parents redoutaient qu’elle ait une maladie quelconque, incurable sans doute. Mais il n’en fut rien heureusement, ce défaut inquiétant disparut assez vite lorsqu’Ayumi grandit. Mais elle a conservé sa silhouette très fine qui fait qu’elle peut se permettre des écarts sucrés comme salés sans prendre un gramme. Aucun médecin n’a diagnostiqué quoi que ce soit alors pour l’instant tout va bien.
Jeune, Ayumi était une enfant très timide et réservée. Du genre au fond de la classe, ne se faisant pas remarquer, levant rarement le doigt pour s’exprimer devant les autres … Même si elle était relativement vive d’esprit et avancée sur son âge, sa réserve bloquait toutes ses tentatives et elle n’intervenait jamais. Ainsi, les instituteurs ne voyaient ses capacités qu’à travers les contrôles réguliers. Il fut question de sauter une classe mais les parents refusèrent car ils disaient qu’elle serait décalée vis-à-vis des autres, niveau âge et mentalité et que cela ne lui rendrait pas service pour plus tard.
Ainsi elle suivit le cursus scolaire comme tout le monde, et puis c’était tant mieux.
Et enfin, à son entrée en CE2, elle fut inscrite par sa mère au théâtre, car cette dernière pensait que ce loisir aiderait sa fille à gagner confiance en elle et lui permettrait de se tourner un peu vers les autres. Heureusement que je vous fais part de ce détail, sinon vous seriez encore en train de vous demander comment elle peut être comme ça aujourd’hui avec une enfance pareille. Ne me dites pas non, je le sais !
Bref, si on en vient à maintenant ; le théâtre a beaucoup aidé Ayumi et d’ailleurs elle s’est plu à cette activité car depuis le CE2, elle a continué. Après le lycée d’ailleurs, elle fera peut-être le conservatoire. En effet, maintenant qu’elle est en troisième année de lycée, cela fait environ dix ans qu’elle pratique et joue les comédiennes sous les feux des projecteurs ! Bref le théâtre l’a vraiment aidée car en un an la demoiselle avait plus confiance en elle et commençait à se prendre plus au sérieux. Ainsi elle a rencontré son premier ami, voire meilleur ennemi en CM2, Tanaka Daisuke. Avec lui, c’est toujours le concours de celui qui est le meilleur maintenant. Au début, simples rivalités d’élèves de primaire, maintenant c’est assez sérieux.
Donc, anciennement timide et solitaire, maintenant la belle est populaire, confiante et extravertie. Depuis le collège elle participe à tous les événements scolaires, et parfois les anime. Souvent déléguée de classe, elle aime montrer son sérieux dans son travail. Il faut dire que son attitude a franchement changé et qu’elle devenue légèrement narcissique. Si un projet est mené à bien jusqu’au bout, elle a la fâcheuse manie de se dire que c’est grâce à elle, en majeure partie. On n’ira pas jusqu’à dire qu’elle ne voit pas plus loin que son nombril, car elle est très à l’écoute des autres, mais elle a au fil du temps gagné une haute estime d’elle-même qui ne lui a pas valu que des amis. D’ailleurs, elle ne voit pas grand intérêt à avoir des relations poussées. Elle ne trouve pas ça comme une perte de temps, mais d’une elle ne ressent pas le besoin d’avoir des amis fixes et de toute façon personne ne cherche ce genre de lien avec elle jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, seul Daisuke peut être considéré comme son ami, car mine de rien, malgré leurs fréquentes disputes, ils sont inséparables depuis le CM2 … Pour continuer dans cette optique, la demoiselle n’a jamais eu de relations amoureuses à ce jour. Oh, non pas qu’aucun garçon ne s’intéresse à elle, mais elle n’a jamais accepté aucune demande. Par peur ? Peut-être bien, elle n’en sait rien. Elle ne s’est jamais sentie prête, alors au lieu de se forcer et faire souffrir des gens inutilement, elle a préféré s’abstenir. Mais maintenant qu’elle est en dernière année de lycée, il faut dire que la belle voit les choses autrement … x)
Niveau attitude envers les autres, elle n’est pas méchante ni rien qui s’en rapproche, mais parfois un peu trop franche. Sa langue dérape et elle dit quelque chose sans le penser, mais ça c’est rare tout de même. Disons que, n’ayant pas d’amis fixes, seulement des copains copines à droite et à gauche, elle ne cherche pas à cerner leur psychologie et ne sait pas forcément ce qui leur plaît ou non, elle marche au feeling. Dire qu’elle connaît tout le lycée est exagéré, mais Ayumi n’est pas quelqu’un qui se base sur des critères de sélection particuliers pour choisir ses connaissances. Elle discute avec quelqu’un, et s’il lui paraît intéressant, elle lui parlera à nouveau s’ils se croisent, et puis voilà … Je le répète, seul Daisuke peut-être considéré comme un véritable ami, même s’ils passent leur temps à se disputer. On dit toujours que « qui aime bien châtie bien », alors qui vivra verra, hein ? Mais concernant Ayu, est ce que le proverbe fonctionne ? Hum … A suivre …
Pour finir, si vous voulez vraiment la connaître, faites en sorte de la croiser dans un couloir, si vous êtes du lycée. Rassurez-vous, elle ne vous ignorera pas. Normalement.

Ayumi aime beaucoup de choses, à commencer par le chocolat. Elle pourrait en faire une orgie tous les soirs … Pour elle, c’est une denrée rare et exquise. Il y a des tas de gens qui trouvent un réconfort et un plaisir unique dans le chocolat, la jeune femme en fait partie. Ensuite, elle adore le théâtre, comme vous l’aurez aisément compris. Elle préfère d’ailleurs jouer du comique que du dramatique, mais elle se débrouille dans les deux. D’ailleurs, cette année, elle a réussi à obtenir le poste de présidente du club de théâtre. Quel ravissement pour elle, en plus ça a flatté son ego. Présidente du club théâtre ...
Ayumi adore sortir en fin d’après-midi, lorsque le soleil décroît, et aller se balader dans un parc, pour aller admirer ce merveilleux coucher de soleil. Elle le faisait tous les soirs, étant collégienne, en rentrant de l’école à vélo. C’était pile poil le bon timing. Mais maintenant, d’une elle a trop de travail sur le dos, même en étant bonne élève, et de deux elle est interne, alors pas de trajet en deux roues le soir, au crépuscule.
Ayu’ a une très belle voix, qui lui sert pour le théâtre, et chante à ses heures perdues. Mais seul Daisuke l’a déjà entendue chanter, et il n’a jamais dit quoi que ce soit à ce sujet. Aucun « tu chantes bien », ou « bouh c’est nul ». Rien. C’est l’une des choses qu’elle n’ose pas montrer …
Sinon, la jeune lycéenne déteste par-dessus tout les gros fayots qui lèchent les bottes des professeurs, et aussi les siennes. C’est exaspérant à souhait. Ces élèves qui viennent se traîner vers elle en lui demandant avec des yeux à la Chat Potté : « peux-tu m’aider pour ce devoir ? » Bien sûr, elle accepte avec le sourire pour éviter de souiller son image de fille aimable et serviable du Comité, mais c’est à contrecoeur. Elle déteste aussi qu’on lui casse du sucre sur le dos. De nature franche, elle ne supporte pas qu’on lui ne lui dise pas ses quatre vérités en face. Compréhensive et tolérante, elle peut admettre ses défauts, mais pas quand on les balance derrière son dos ou qu’on lance des rumeurs sur elle. D’ailleurs, elle aura vite fait de les dissiper en prenant soin que la personne ne recommencera pas. Pas méchamment, hein, mais elle a assez de force de persuasion pour qu’on lui fiche la paix. Elle n’aime pas le bruit des salles de classes turbulentes, ni celui des voitures dans le centre-ville. Elle aime faire du shopping avec sa mère ou seule mais a horreur de faire des activités du genre cinéma ou karaoké en solitaire.

« Maman, où va-t’on ? »
« Tu verras bien, Ayumi. »
Madame Sanada était au volant de la voiture. Mère au foyer, elle avait le temps de conduire sa fille en plein milieu de l’après-midi, mais où ? Pendant ce temps, Monsieur lui faisait rentrer l’argent à la maison en travaillant dur. La petite famille était installée à Tokyô, le père travaillait à Ôsaka. Il ne rentrait que les week-ends, et encore pas tous, seulement lorsqu’il n’avait pas de travail supplémentaire.
« Nous y voilà. »
Ayumi sortit de la voiture, ni excitée, ni réticence. Seulement curieuse. Où la mère pouvait-elle bien emmener sa petite fille d’environ huit ans ? Elles marchaient vers un bâtiment au crépi blanc, avec quelques fenêtres sur les façades et une double porte. Si la demoiselle savait que ces portes, elle les traverserait de longues années durant …
« Bonjour, madame, mademoiselle. Vous venez inscrire cette ravissante fille ? »
« Oui, il me semble que le théâtre lui permettrait de s’ouvrir aux autres. »
« Vous avez sûrement raison. Entrez donc ! Vous verrez, sa future professeure est adorable ! »
Ayumi blêmit : du théâtre ? Une bonne blague, oui ! Elle allait être confrontée à d’autres jeunes, devoir jouer des rôles, apprendre des textes, monter sur scène ?! Une bonne blague, oui …

***

« C’était génial ! »
Ayumi pleurait à chaudes larmes, entourée de ses camarades comédiens. Le spectacle venait de s’achever sous des tonnerres d’applaudissements. Ayu, qui jouait le rôle d’une princesse de contes de fées, avait assumé son personnage jusqu’au bout. Pas un seul trou de mémoire ! Et elle s’était tellement amusée avec ses camarades ! Une chose était sûre, elle continuerait le théâtre l’année suivante. Et celle d’après, et d’après, et d’après …

***

« Toi. Tu as eu une meilleure note que moi au test de Japonais ? »
« Et alors, qu’est-ce que ça fait ? »
« Comment t’appelles-tu ? »
« Tanaka. Daisuke. On est dans la même classe, t’es pas fichue d’avoir retenu mon prénom ? »
Pourquoi cette froideur ? Avait-il été blessé de sa manière de faire ? Qu’elle n’ait pas capté son nom alors qu’ils fréquentaient la même classe ?
« Ecoute, j’ai autre chose à faire que d’apprendre par cœur les noms de tous ceux de la classe. Mes textes de théâtre, par exemple. »
Voilà qu’elle étalait sa plus grande fierté, son talent de comédienne.
« Bah, retourne apprendre tes textes au lieu de m’embêter avec ma note ! »
Quel beau premier échange. Qui des deux pouvait soupçonner qu’à partir de ce jour, ils deviendraient les meilleurs ennemis ?

***
« Daisukeee ! Viens par ici. »
Les deux ne s’étaient pas quittés d’une semelle. Même collège, même classe. Allez, rebelote. Voilà qu’aujourd’hui Ayumi avait un nouveau défi à lancer à son camarade.
« Le premier qui mange tous les onigiri de son plateau a gagné ! »
Daisuke fit la moue. D’une, il avait l’air de s’en foutre royalement, et de deux, il n’avait pas l’air motivé pour un sou. Quoi, c’est la même chose ?! Chut c’est moi qui cause ! Il devait la prendre pour une cinglée. Mais, contre toute attente, il releva le challenge.
[…]
« Quoi, t’as gagné ? »
Pourquoi réussissait-il à chaque fois ? Pff … Quelle défaite misérable. A une boulette de riz près, elle remportait la victoire !
« Dis-moi, à quoi ça te sert de faire ça tout le temps ? »
Daisuke regardait Ayu’, intrigué. Ils étaient en cinquième. Voilà deux ans et plus qu’ils se fréquentaient, et se lançaient des défis comme celui-ci. Enfin, que Daidai relevait ceux que sa camarade lui lançait. La demoiselle rougit légèrement suite à la question, mais farouche, elle répondit :
« Pour passer le temps. Et parce qu’un jour, je t’aurai ! »
Dans le sens ‘je serai meilleure que toi’, hein. Ayumi ne pensait à rien d’autre vis-à-vis de Daisuke. L’amour, ça ne lui disait rien. Elle avait les études, le théâtre et ses défis. Mais elle avait bien sûr répondu ça pour ne pas dire ‘pour que tu restes avec moi et que tu sois mon ami’. Eh oui, malgré son gain de confiance en elle, l’étiquette de première de la classe lui collait à la peau et les gens lui parlaient uniquement pour lui demander des conseils, la plupart du temps. Seul le garçon lui tenait compagnie pour d’autres raisons. Un ami … Possible ? Espérons le pour elle.

***
« Ca m’écorche les lèvres de te dire ça, mais tu as bien joué. »
Ce Daisuke alors, toujours le mot pour la mettre en boule. Il pouvait pas lui faire un compliment normal ? Mais cela ne vexait pas Ayu, c’était devenu un jeu entre eux. Se taquiner.
Ils étaient en troisième. Toujours la même classe, les profs le faisaient-ils exprès ?
« Merci, en tout cas. Mauvaise langue … »
Longtemps au collège on avait cru que les deux adolescents sortaient ensemble, mais non. La rumeur avait été vite démentie par les deux, surtout qu’entre eux c’était juste chien et chat, ‘tu me cherches ? Alors tu vas me trouver.’ Rien de plus.
« Tu reviendras me voir, l’année prochaine ? »
« Evidemment, ça me donnera un motif supplémentaire pour t’enquiquiner. »
Quelques éclats de rires, puis chacun chez soi. Jusqu’au lendemain …

***
Jiyuu Gakuen. Première année. Même classe, pour la cinquième année. Au moins. Une malédiction ? Mais au fond d’elle, Ayumi était heureuse que son unique ami reste près d’elle. Mais fière et orgueilleuse, elle ne l’avouerait jamais. Ou presque jamais … Il ne faut jamais dire jamais.
Mais voilà qu’elle entrait en internat. Plus de théâtre les mercredis après-midi, elle avait dû renoncer à son club auquel elle était fidèle depuis le CE2. Mais elle faisait ce sacrifice en intégrant ce lycée de bon niveau, et en sachant qu’elle entrerait certainement au Conservatoire après le lycée. Le théâtre lui tenait tellement à cœur, elle en ferait son métier. Et dans ce lycéen l’option théâtre était là. Elle s’y inscrivit sans hésiter, bien sûr. Elle lâchait sa troupe habituelle pour de nouveaux horizons …. Ce ne serait plus du théâtre de loisir mais du théâtre d’études. Il fallait savoir changer un jour ou l’autre …

***

Troisième année de lycée. La première fois en sept ans que Ayumi et Daisuke étaient séparés …
Côté familial, tout allait pour le mieux ; sa mère venait de tomber enceinte et donc la lycéenne allait avoir un frère ou une sœur d’ici la fin de l’année scolaire.
Que lui réservait cette année ? On verrait bien … Mais en tout cas, les défis continueraient, et son objectif était de motiver Daidai ….