Pour décrire en gros le caractère de Shin, on pourrait dire « fort ». Mais je doute que ce soit assez pour faire comprendre à qui lira ces lignes que Shin est un leader né, n’ayant même pas à utiliser la parole pour que l’on le respecte ou le craigne, selon ce qu’il veut que l’on pense de lui; il n’a qu’à utiliser son charisme naturel, celui qu’il exhale perpétuellement. Homme ou femme, il réussit à amadouer ceux qui peuvent lui être utiles, quant aux autres, ils ne lui servent qu'à sentir qu'il est supérieur à eux.
Tout d’abord, il est un jeune homme impulsif, qui agit avant de réfléchir plus souvent que le contraire, caractéristique qui vit, paradoxalement, côte-à-côte avec sa nature calculatrice et méthodique. En d’autres mots, lorsqu’il s’agit de sentiments, il ne songe pas avant d’exécuter et fonce spontanément, ce qui est tout à fait l’opposé lorsqu’il décide qu’il est temps de prendre un pas en avant en tant que leader officieux du groupe Kaze no Shounen. Mine de rien, il est loin d'être insensible ; au contraire, il l'est extrêmement, et prend rapidement la mouche.
Il est aussi têtu, et sait ce qu’il veut – et aussi comment l’obtenir. Il serait prêt à tout pour obtenir ce qu’il veut et rien n’est trop beau pour l’héritier des Hanazawa, qui userait de n’importe quel moyen, même si ça voulait dire utiliser son richissime paternel, afin d’arriver à ses fins sans tomber lui-même. Il sait user son charme, son argent et tous ses atouts (y compris les autres membres de son groupe) et ne s’en garde pas ; au contraire, nombreuses sont les occasions où ses « collègues » l’ont réprimandé à propos de ses façons drastiques de régler ses comptes. Mais jamais il n’a songé changer ses manières ; il ne fait que se mettre en colère afin de remettre dans la tête des neuf autres qui a été silencieusement élu le chef.
Parce que oui, monsieur se met rapidement – trop rapidement – en colère. Même pour des futilités, il n’hésitera pas à frapper tout ce qui lui passe sous les yeux pour se calmer, sauf évidemment une fille ou un de ses « shounen », sur qui il n’a jamais levé la main. Agressif de nature, il en vient rapidement aux poings et nombreuses sont les bagarres dans lesquelles il prend part… et gagne, généralement. Mais aussi rapidement qu’il s’énerve il retombe, sans pour autant éprouver de regrets ; il est seulement incapable de rester en colère longtemps, surtout lorsque la raison de sa colère était plutôt mince.
Fondamentalement égocentrique, surtout de par le fait qu’il n’a jamais eu personne de qui s’occuper, étant enfant unique, il pense d’abord à lui, puis aux autres. Même lorsqu’il était en couple (ce qui est un bien grand mot), il n’avait pas beaucoup de pensées à l’égard de ses copines, se contentant d’excuser son absence par des cadeaux coûteux et de les voir lorsque ça faisait bien son affaire. Il n’a jamais vraiment « aimé » ni même « apprécié » une fille, et doute qu’une de ses anciennes petite-amies l’ait déjà apprécié pour autre chose que son argent ou son physique ; certes il est capable de bien s'entendre avec un membre de la gent féminine, mais il n'a pas vraiment le profil du petit ami idéal. Il est surtout important de noter que bien que nombreuses, presqu'aucune de ses petites amies n’était issue d’une famille aisée, et qu’il ne fait que voleter de fille en fille, prenant bien soin qu’elle soit au moins jolie; il n’a pas grand-chose à faire (ni à retirer) d’une demoiselle intelligente mais peu attirante physiquement.
Voilà un autre de ses traits qui ressort : superficialité. Shin n’a pas grand-chose à faire d’un objet qui est utile sans être esthétique ; même chose pour les personnes. S’il n’était pas si superficiel, il ferait sans doute quelque chose de son propre caractère, mais il se contente de bien paraître et ça semble suffire, pourquoi irait-il chercher plus loin ? En fait, c’est surtout à cause du fait qu’il ne fasse pas confiance à son entourage qui fait de lui une personne qui ne prend pas le temps d’aller au fond des choses.
Shin a parfois besoin de s’isoler, ce qu’il fait sans avertir quiconque, séchant ses cours pour plusieurs heures d’affilée pour se cacher à un endroit où il sait qu’il a peu de chances d’être retrouvé (mais généralement pas sa chambre), et simplement fixer le vide, sans rien penser, comme si sa santé mentale en dépendait. Il arrive même qu’il oublie de manger pendant un jour ou deux, caché quelque part dans un rangement de gymnase oublié à observer inlassablement un ballon dégonflé. C’est un comportement que peu expliquent, et il se met généralement en colère lorsqu’on lui demande où il était. Il n’aime pas justifier ses actions, comme il dit, mais c’est surtout qu’il ne sait pas lui-même pourquoi il ressent ainsi un besoin aussi soudain d’être seul, dans un silence de mort.
Bref, loin d’être un garçon facile à vivre, il ne faut pas oublier qu’il a été élevé comme un prince dans le luxe et l’abondance, et qu’il considère pratiquement son monde différent de celui des autres, qu’il ne peut s’empêcher de regarder un peu de haut. Des qualités ? Il en a peu, et franchement, il n’en a pas grand-chose à faire. Les qualités, contrairement aux défauts, ne font pas la personnalité de quelqu’un.

Comme on peut s’y attendre de la part du fils unique d’un riche directeur de mode, il porte particulièrement attention à son apparence ; non seulement à ses cheveux, dont il change souvent de couleur ou de forme, mais aussi à ses fringues. Il ne compte pas la dépense lorsqu’il s’agit de bien paraître dans ses vêtements, n’hésitant pas à acheter autant qu’il le faut et à faire retoucher si le moindre centimètre de tissu superflu ne fait pas son affaire. Bref, pas besoin de préciser que tout ce qu’il possède dans sa garde-robe lui va à merveille et que chaque morceau coûte une fortune ; tout comme ses souliers, où la moindre paire de baskets prend une valeur invraisemblable. À noter aussi que, bien qu’il ne les porte que lorsqu’elles s’agencent avec son accoutrement, il a besoin de lunettes pour bien voir les choses de loin ; il les remplace par des lentilles de contact lorsqu’il juge que les lunettes ne s’accordent pas avec son t-shirt.

Les choses que Shin aime et n’aime pas ne sont pas clairement classifiées dans sa tête, comme par exemple la couleur, la nourriture ou la saveur de dentifrice qu’il préfère. Il aime ce qu’il aime et n’aime pas ce qu’il n’aime pas, point à la ligne. Mais s’il y a une chose qu’il déteste, c’est qu’on lui fasse de l’ombre ou qu'on conteste son autorité. Son cerveau lui dicte qu’il n’a pas de préférences, mais son inconscient, lui, le connaît mieux que quiconque et sait ce qui lui fait le plus plaisir : tout ce qui est sucré (surtout des sucettes ou autres bonbons durs ; quand il en a un dans la bouche, il se met rarement en colère), les fruits amers, l’été et les oreillers pas trop mous. Par contre, il ne supporte pas le goût de menthe, ni la musique trop forte ; il a toujours jugé que vraiment apprécier la musique n’était pas de monter le son au maximum lorsque sa chanson préférée passe à la radio. Quant au projet de coaching... sans opinion ? Non, ce serait mentir. Disons seulement que c'est un mal nécessaire... ou pas.

« Voici Kitajima Keiko pour Nihon News, devant l’église où Hanazawa Kenji, 29 ans, le célèbre designer de vêtements et Koike Mariko, 20 ans, l’étoile montante du mannequinat, ont échangé leurs vœux de fidélité ! […] »

Il serait faux de dire que leur mariage en était un d’amour, bien qu’ils faisaient bien attention de montrer le contraire aux médias. Kenji n’éprouvait pas grand-chose pour sa femme, qu’il n’avait épousée que pour mettre à profit la popularité en hausse de la demoiselle, en y collant son nom; Hanazawa n’était pas qu’un simple nom, c’était aussi le nom de sa plus que fameuse marque de vêtements, qu’il dessinait lui-même. Évidemment, en associant un mannequin connu de tous à un nom plus que célèbre dans le monde de la mode, le mélange ne pouvait qu’être gagnant. Pour les deux partis.

« À peine un an après leur mariage, voilà que le couple Hanazawa annonce la naissance de leur fils, prénommé Shin. De bonnes nouvelles pour l’industrie de la mode, qui peut espérer qu’un jour, le petit fasse succession à son père, […] »

Dès le moment où il a vu le monde, Shin a été traité comme un prince. Si on veut, il en était un, puisqu’il était le fils de celui qu’on appelait le « roi de la mode », au Japon. Le nom de Hanazawa était tout aussi populaire que ceux de Chanel, Gucci et autres Vuitton, à l’échelle mondiale, après tout. Hanazawa Kenji n’éprouvait aucun sentiment d’amour envers sa femme, mais c’était différent pour son fils ; non seulement il l’aimait comme un père devrait aimer son enfant, bien qu’il eut tendance à lui donner tout ce qu’il voulait (et le fasse encore), mais il avait envie de faire de lui un bon garçon. Ça n’a duré qu’un an ; après qu’on ait critiqué sa nouvelle ligne, mettant le blâme sur sa nouvelle vie de père, il a, dans un sens, tourné le dos à Shin pour se replonger dans son travail.

« Voici Tanaka Makoto, correspondante au États-Unis pour Nihon News. Je me trouve en ce moment à New York, devant les restes d’une Mercedes dont les deux occupants sont décédés; deux citoyens Japonais. Hanazawa Mariko, 24 ans, épouse du célèbre designer Hanazawa Kenji, et son chauffeur sont morts au moment de l’impact. Les causes de l’accident sont toujours floues. […] »

Shin n’a aucun souvenir de sa mère; elle est morte alors qu’il n’avait que quatre ans, laissant veuf Hanazawa Kenji, qui bien que choqué, n’en garda pas de séquelles à proprement parler. Il se contenta de poursuivre sa vie sans oublier de donner à son fils adoré ce qu’il demandait. Shin, quant à lui, devenait de plus en plus beau d’année en année ; il avait hérité du visage aux traits délicats de sa mère, mais de la carrure de son père au même âge, tout en développant un caractère bien à lui. Il n’éprouvait aucune difficulté marquée à l’école (il fréquentait une école des plus normales, chose dont il n’a jamais compris l’utilité), se prouvant même être plutôt intelligent, et de voir ainsi son fils se débrouiller aussi bien à l’école enleva un souci à Kenji lorsqu’il fit son premier mouvement majeur depuis la mort de sa femme ; sonder le marché étranger.

L’année des huit ans de Shin, son père décida de déménager quelques années en Angleterre pour le travail ; évidemment, là où Kenji allait, Shin suivait, et il fut donc contraint à apprendre l’anglais par la manière forte. Confronté à des hordes de domestiques et de bonnes au joli accent britannique, et fréquentant aussi une école de garçons strictement anglophone, il finit par devenir parfaitement bilingue. Il se découvrit une capacité d’adaptation assez surprenante pour un garçon qui avait toujours eu tout cuit dans le bec, mais redoutait le moment où son père déciderait de rentrer au pays du soleil levant.

« Voici Kazama Sakura pour Nihon News, devant l’aéroport Haneda de Tokyo, où l’avion privé du célèbre designer Hanazawa devrait se faire voir à tout moment maintenant. Pour rappeler à ceux qui viennent de se joindre à nous, Hanazawa a quitté le Japon avec son fils Shin, maintenant âgé de quinze ans, sept ans auparavant pour s’installer en Angleterre. […] »

Shin était devenu un garçon plutôt odieux, qui n’en avait pas grand-chose à faire du reste du monde, malgré qu’il fréquentât une école privée accessible à tous. Contrairement à ce qu’il espérait, il n’eut pas droit aux professeurs privés qu’il avait demandés à son père, ce dernier jugeant qu’il était nécessaire à Shin pour une croissance normale d’avoir des gens autour de lui. Mais pour se faire pardonner, à l’occasion de ses seize ans et de son entrée au lycée, son père fit de lui un mannequin à quelques occasions dans ses défilés ; après tout, Shin était beau et il était facile pour un père de créer des vêtements sur mesure pour son fils. Ça n’a pas aidé l’adolescent ; il sembla à son entourage qu’il était devenu encore plus condescendant après avoir été affiché en gros dans des magazines de mode.

Lorsqu’il entra en deuxième année du lycée, son père arrêta de dessiner, préférant engager des designers à sa place, et prenant le titre de « directeur de collection ». Il affirmait avoir besoin de temps pour lui-même et se mit à voyager afin de regarder des défilés un peu partout à travers le monde, laissant la plupart du temps Shin seul dans l’immense manoir de son père. Mais, adolescent de seize ans qu’il était, il ne s’est pas ennuyé le moins du monde ; après tout, il avait un portefeuille plein de cartes de crédit platine au nom de son père, qui n’avait aucune objection à payer tout ce que son fils pouvait s’offrir avec. Au même moment, le groupe dont il deviendrait plus tard le leader officieux se formait : Kaze no Shounen.

Il aurait été impensable que le jeune homme n’en fasse pas partie ; après tout, il était riche, beau et populaire. Malgré que son caractère fut imprévisible et agace souvent les autres, il fit rapidement sa place dans le groupe et il était considéré comme le chef. Il était le plus vicieux des dix, et bien qu’il fut prompt à se mettre en colère, il avait incontestablement le charisme et l’étoffe d’un chef. Jeune et insouciant, il accumulait les conquêtes et les bêtises, malgré que les professeurs aient beaucoup d'espoir qu'il revienne sur le droit chemin. Son intelligence était enviable, mais il n'en avait strictement rien à faire. Il y a un an, une autre conquête s'ajoutait à sa liste ; un peu différente cependant de celles qui l'avaient précédées. Étrangement, Shin semblait réellement l'apprécier, ou du moins, l'estimer à sa juste valeur : une magnifique jeune femme dotée d'une personnalité qui s'agençait bien avec Shin à l'époque. Quand les rumeurs coururent comme quoi elle était enceinte, Shin les ignora ; mais quand on finit par avoir l'audace de théoriser sur le fait qu'il était peut-être le père, il la laissa tomber visiblement sans remords, la laissant se débrouiller avec ses problèmes. Quelques menaces et coups de poings et sa réputation était lavée ; il reprenait le trône qui lui revenait de droit, et même s'il devait s'engager de plus en plus dans ce projet pourri de coaching. Mais bon, il n'y avait peut-être pas que des désavantages à l'activité...